Ou quand la défense dépasse les bornes…
Ce texte concerne le procès civil de l’Affaire Julien B.
Sachez chers concitoyens, que dans le pire des malheurs vous serez non seulement seuls, abandonnés par le système et livrés à vous-même, mais vous pourriez bien avoir à subir l’écoute des propos les plus abjects et ignobles que l’on puisse entendre alors que l’on vient de perdre son enfant. Récit d’une plaidoirie de la part d’un avocat à la démarche professionnelle plus que douteuse…
L’incommensurable douleur de la perte d’un enfant est déjà en soi l’une des pires souffrances que l’on puisse imaginer. Le perdre en plus dans d’atroces circonstances (à savoir brûlé vif) : il faut un courage et une détermination de fer pour ne pas sombrer.
Mais sachez que si par malheur vous deviez un jour vous retrouver dans une telle situation, il vous faut savoir que l’on vous fera subir de nouvelles souffrances qui viendront s’ajouter au malheur initial.
Outre le fait que pour la famille de Julien B.,
la faillite du système a été TOTALE :
→ aucune prise en charge ou suivi psychologique (la famille s’est retrouvée seule, sans personne pour les guider).
→ enquête de la gendarmerie bâclée (le père de famille a réussi à obtenir seul des informations et des témoignages capitaux pour l’affaire alors que les gendarmes ne les ont pas obtenus).
→ l’assurance qui se désiste et laisse les parents de Julien B. avec les frais d’obsèques à payer (alors qu’il existe la Loi Badinter pour que cela n’arrive pas).
→ sanction pénale pour le conducteur fautif complètement inadéquate (8 mois de prison pour une vie fauchée et 30.000F d’amende (avec ristourne de 20% si payée dans le mois s’il vous plait ( !)).
Croyez vous que le conducteur condamné prendra conscience de la gravité de ses actes avec une peine aussi légère ?
Avec le procès civil qui vient de se dérouler, une fois de plus (et toujours une fois de trop) la famille B. a dû subir d’inutiles souffrances, surtout en raison de la plaidoirie de l’avocat de la défense.
Alors que leur avocat vient de faire ses demandes d’indemnisation, notamment en démontrant que Julien était resté conscient après l’accident et a donc vécu les plus terribles souffrances physiques et psychologiques (il s’est vu mourir) ; et pour le démontrer il avait en main les déclarations signées des pompiers qui sont intervenus (ces derniers rappelant combien ils ont été impuissants à calmer les douleurs de Julien tant celui-ci souffrait) ainsi que celle du chef du SAMU (qui a déclaré ne jamais avoir vu cela en 25 ans de carrière).
Et c’est alors qu’entre en scène l’avocat de la défense, immédiatement après dont nous vous laissons apprécier l’intervention mot pour mot :
‘’Je sais que Julien a souffert mais nous n’avons pas dans ce dossier d’éléments pour justifier sa souffrance. On ne sait pas au jour d’aujourd’hui qu’elle a pu être l’intensité de la souffrance pour ce jeune homme et sur quelle échelle on doit se situer pour évaluer l’intensité de ses souffrances.
Vous avez aussi dans ce dossier le fait que ce jeune homme à bien évidemment été placé dans un coma artificiel pour soulager ses douleurs et que vraisemblablement il n’est resté que 1 à 2h dans cet état de souffrance.’’
Comment peut on plaider avec autant de zèle sur de tels arguments ? Faut-il lui rappeler qu’au Moyen-âge le bûcher était considéré comme la pire des morts violentes et que l’on utilisait ce moyen pour faire peur au peuple ?
Alors que l’avocat de la défense venait juste d’entendre la partie plaignante venir avec les déclarations des pompiers et du SAMU qui ont témoigné de l’immense souffrance de Julien, n’aurait il pas dû changer par respect pour la famille des victimes, cette partie de la plaidoirie qu’il avait préparé ? Comment peut il même imaginer qu’une telle argumentation puisse être retenue par le tribunal ?
Les personnes présentes dans la salle d’audience ont été outrées en entendant cette argumentation (j’ai entendu autour de moi des réactions avec des mots comme « Quelle honte ! » ou encore « C’est inadmissible ».).
Il faut croire que la fin justifie les moyens et que tout est bon pour gagner, même prononcer de telles paroles devant une famille encore en plein deuil et en grande souffrance.
Malheureusement chaque avocat a une conception différente de son travail : certains devraient se poser la question de savoir pourquoi ils exercent encore. Pour certains on le sait : uniquement pour le fric, « le reste on s’en fout ! ».
J’ai écris ce texte afin que vous tous, citoyens, soyez conscients de la situation actuelle en Nouvelle-Calédonie : vous tomberez de moins haut si par malheur vous deviez vous retrouver dans la détresse.
Et surtout pour agir, notamment en signant la pétition et aussi au quotidien, en faisant plus attention au volant (de petits gestes de civilité au volant rendent la route un peu plus agréable et sûre).
Viotti Philippe